4 histoires dans l'univers de Dragon Age

Dragon Age nouvelles

En attendant des infos sur Dragon Age 4 pendant les Game Awards 2020, l'équipe de Bioware a publié à l'occasion du Dragon Age Day quatres nouvelles inédites illustrées par 4 jolies images.

- Transmission
- Les Ombres de Minrathie
- L’éveil
- Les ruines de la réalité


Transmission

De Brianne Battye

Dragon Age nouvelles

La bête n’aurait pas dû avoir deux gueules, et pourtant... Elle n’était que dents acérées et bave pâteuse.

Le garde Lawrence dégaina son épée. « Je vais vous sortir de là. »

La naine hocha la tête.

Le monstre émit un hurlement terrifiant. La corruption avait pris le contrôle de son corps depuis longtemps et l’avaient rendu méconnaissable.

Il avait été Garde des ombres. Cela faisait vingt ans qu’il combattait l’Enclin. Cette corruption était présente en lui aussi. Un jour, il avait entendu son murmure dans ses oreilles et il sut. Une fois le moment venu, on descend sous terre pour combattre des goules jusqu’à la mort. Ou jusqu’à ce que l’on en devienne une... Quand il était descendu, ses articulations l’avaient fait souffrir. Plus aujourd’hui. Chacune de ses respirations rappelait un râle de goule. C’était donc cela. C’était la fin.

Mais il avait entendu son cri. Elle était acculée, mais se défendait pourtant courageusement, armée d'un vieux marteau de forgeron.

La bête se précipita sur elle avec des mouvements de crabe. Lawrence se retourna, lui frappa la patte d’un grand coup de bouclier et chercha à atteindre le corps du monstre. Sa propre transformation lui importait peu. Il restait fidèle à lui-même. Il ferait rempart entre elle et l’obscurité. La créature fit claquer les crocs de sa mâchoire la plus proche. Lawrence l’esquiva, fit une roulade et frappa à nouveau. Il l’entendit beugler avant de ressentir lui-même la douleur.

La naine se précipita sur la créature et, de toute ses forces, lui asséna un coup de marteau. Il plongea son épée dans le cœur de la créature, qui s’effondra.

« Je n’aurais jamais pensé sauver encore quelqu’un... »
« Je ne suis pas encore sauvée, » répondit-elle.
« Vous avez le sens de la répartie ! » s’exclama-t-il. « Je vais vous aider à sortir d’ici, euh... »
« Evka. »
« D’accord. On va vous sortir d’ici, Evka. »

Ils avançaient dans le noir, mais il connaissait le chemin. Il souffrait, mais quelqu’un comptait sur lui. Il saignait mais cela n'avait pas d'importance.
Il fut tout de même surpris de constater que son sang était gris... Étrange... Il pouvait presque entendre... Sa vision se brouilla.

« J’espérais pouvoir vous sauver... »
« Vous pouvez encore y arriver. »
« Je ne... »
« J’ai une idée, » l’interrompit Evka. « Vous me sauvez, et je sauve le prochain à votre place. »
Il sourit. « C’est d’accord. »

Elle le prit sous l’aisselle, et ils se remirent à avancer. Ce n’était plus très loin, maintenant. Ils y étaient presque... Mais quelque chose approchait. Ça grattait, ça piétinait...

Des goules.
Une fois le moment est venu, on descend sous terre pour combattre. Et mourir.
Mais ils venaient de conclure un pacte. S’il la ramenait à la surface aujourd’hui, il pourrait lui passer le flambeau. On ne devrait faire face à l’obscurité seul. Il allait l’aider à sortir d’ici. Il le fallait...

***

Les goules étaient mortes.

« Qui êtes-vous ? » demanda Evka en agrippant son marteau.
La réponse fusa entre les lèvres du garde Lawrence : « Un esprit. » « Je pouvais l’entendre. »
Ainsi, il était attiré par le mourant. Après tout ce qu’il avait fait...

« Laissez-le » aboya Evka. Elle n’allait pas l’abandonner à son sort.
« Je me nomme Persévérance. » Soulevant la main de Lawrence, l’esprit arracha l’emblème de griffon sur sa poitrine.
« Il voulait juste sauver une personne de plus... »
Evka dit d’une voix hésitante : « Si une partie de lui est encore là, dites-lui que je le ferai pour lui. »
L’esprit hocha la tête. Evka n'était pas sûre s'il s'agissait là d'un acquiescement ou d'un signe d’adieu. Le corps du garde s’effondra.
Evka s’agenouilla, serrant l’emblème dans sa main. Elle ferma les yeux de Lawrence.

« Je prends le relais. »

Source :EA.com
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Les Ombres de Minrathie

De Sheryl Chee

Dragon Age nouvelles

Il décida de s’asseoir sur une chaise, conscient que la magister n’en aurait cure.

« Cette table de jeu est privée… », objecta-t-elle en examinant l’individu affublé d’un uniforme froissé, de bottes éraflées et d’un chapeau gris souris ruisselant de pluie. « Ser… templier. »

« Je ne vais pas m’attarder », rétorqua-t-il.

La magister poussa un soupir audible. « Une autre manche, dans ce cas. » D’un geste de sa main couverte de rubis, elle fit apparaître à ses côtés un croupier tout de noir vêtu.

Tarquin passa en revue sa main, des cartes neuves et brillantes bordées de feuilles d’or qui déposaient une poudre étincelante sur ses paumes.

« Ne trouvez-vous pas ces éclats enchanteurs ? » Des pièces brillaient autour de lui, filant sur la nappe de soie écarlate. « C’est bien pour ça que vous êtes ici », déclara la magister avec un sourire poli. « N’est-ce pas ? »

« Est-ce vraiment là votre mise de départ ? À une table où les cartes sont peintes à la feuille d’or ? »

La magister fronça les sourcils. « C’est plus que six mois de solde pour toi, templier. » Elle révéla ses cartes en les posant sur la table. « Cela ne te suffit pas ? Voyons voir si ta façon de jouer me plaît. »

Tarquin montra sa propre main, puis poussa un livret au centre de la table. « Et si on faisait grimper les enjeux ? »

« Je suis certaine de ne pas savoir de quoi il s'agit », dit-elle. Tarquin remarqua pourtant un léger tremblement au coin de son œil droit.

« J’ai un contact, une dame redoutablement intelligente, qui prétend que ce livre consigne les registres financiers du trafic d’esclaves au marché noir. » Tarquin s’adossa contre l’assise en velours de sa chaise, avec l’aisance d’un escroc devant une proie naïve. « Y compris les transactions avec le culte Venatori. »

La magister laissa échapper un petit rire. « Les Venatori ont été éradiqués. »

« Vraiment ? » Pour le Magisterium, pactiser avec eux relève encore et toujours de la trahison. Et qui dit trahison, dit magister en exil, retrait de ses titres… »

La magister tapota sa lèvre inférieure avec son ongle laqué. « Tu as choisi des cartes intéressantes. » Sa voix était tranchante comme un rasoir fraîchement affûté. « Mais peut-être ne connais-tu pas bien les règles de ce jeu. »

« Je crois que je sais exactement comment on joue. »

La magister jeta le reste de ses cartes sur la table. « Des honneurs et des as. Tu as perdu, templier. » Elle se leva et se pencha vers lui. « Personne ne peut me battre avec cette main. » L’air crépitait autour de ses poings serrés, le bruit d’un mage canalisant sa puissance. « Et personne ne me menace dans mon établissement. »

Il y eut une étincelle, et on entendit le sifflement suivi du crachotement d’un sort libéré puis étouffé. La main de la magister resta en l’air ; sa magie avait été contrée.

Tarquin sourit. « Êtes-vous sûre que ce soit toujours votre établissement ? »

Pour la première fois depuis qu’elle l’avait invoqué, la magister dévisagea le croupier. « Toi… C’est impossible… », balbutia-t-elle en trébuchant en arrière. « La Vipère n’est qu’une légende. »

Tarquin glissa le fin registre dans la poche de son manteau. « Pour manipuler le système, il faut suivre vos règles. » Il s’inclina en arrière et toucha le bord de son chapeau en regardant la magister. « Le coucher du soleil est magnifique à Minrathie. Allez donc en profiter tant que vous le pouvez encore. »

« Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous voulez ? De l’or ? Du pouvoir ?

Tarquin sourit. « Nous sommes les Tévintides que vous avez oubliés. Ce que nous voulons ? »

Derrière la magister, le croupier rabattit son capuchon. « Mais tout, voyons. »

Source : Ea.com
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L’éveil

De Mary Kirby

Dragon Age nouvelles

« Nous avions dix ans. Lucanis venait de terminer un livre sur les wyvernes et il ne parlait plus que de ça. Les wyvernes, du matin au soir. » Illario racontait cette anecdote avec beaucoup de légèreté et d’assurance pour quelqu’un qui se trouvait balloté sur l’épaule de Viago et dont les pieds ne touchaient pas le sol.

Viago soupira et arrangea Illario un peu différemment sur son dos. Ils atteignaient l’escalier menant aux chambres du casino.

Ce dernier appartenait à la maison Cantori, et Teia avait donné congé au personnel. Les fenêtres et les miroirs étaient tous recouverts de lourd velours noir pour empêcher les âmes errantes de se perdre. Les tables habituellement dédiées aux jeux de cartes et de dés avaient été débarrassées et ornées d’arrangements floraux somptueux composés de grâces cristallines pour la séparation et d’embrium pour soulager un cœur douloureux. Leur parfum enveloppait la peau et les vêtements mais n’était pas assez doux pour dissimuler l’affreuse odeur d’alcool qui émanait d’Illario Dellamorte. Teia en était reconnaissante au Créateur.

« Il y avait tant de bardanes sur mon corps que tout ce que je touchais me restait collé aux doigts. Lucanis était recouvert de boue de la tête aux pieds. Catarina me regardait, bouche bée. » Illario rit. Personne ne sut si ses genoux cédèrent sous son poids ou s’il décida tout simplement d’arrêter de marcher, mais Illario s’écroula sur les escaliers en entraînant Viago dans sa chute.

Viago jura dans sa barbe et essaya de relever l’homme corpulent, mais sa veste en samit noir rendait la tâche impossible. Viago pensa alors qu’il aurait dû opter pour le plan A : administrer un somnifère à Illario dans le bar et le cacher sous un drap. Mais de ses yeux noirs et profonds, Teia l’avait supplié de s’occuper de l’ivrogne malodorant et… Viago soupira et laissa de nouveau échapper un juron. Pendant un instant, il visualisa à quoi ressemblerait Illario en train de ronfler au milieu de l’escalier. Mais Teia le tuerait. Peut-être même s’en chargerait-elle personnellement.

« C’était mon cousin, mais nous étions plutôt comme des frères. Il se retrouvait toujours dans des situations épineuses. Et j’étais toujours là pour lui, vous voyez ? Toujours. » La voix d’Illario se mit alors à trembler d’émotion. « Maintenant, je n’ai plus personne à suivre. »

Viago poussa un soupir et s’accroupit pour aider le soiffard à se relever en laissant échapper un léger grognement de douleur.

« Ç’aurait dû être moi. » Illario prononça ces derniers mots avec amertume. Son histoire semblait toucher à sa fin. Il avait répété ce discours tel un acteur travaillant depuis des heures pour une pièce particulièrement ardue. Il avait peu à peu perdu son sang-froid et semblait désormais avoir croisé la route d’un troupeau de druffles, et perdu le combat.

Viago enjamba les dernières marches et essaya d’ouvrir la porte de la chambre la plus proche. Pendant une seconde qui lui parut une éternité, il eut peur de devoir forcer la serrure, mais la porte finit par s’ouvrir. Il traîna Illario jusqu’au lit et le lâcha comme il l’aurait fait avec un cadavre.

« Est-ce que je vous ai parlé de la fois où Lucanis m’a emmené chasser la wyverne ? », demanda Illario tandis que Viago mouillait un mouchoir à l’aide d’une de ses fioles. Avant qu’il n’eût le temps de se lancer dans un autre récit interminable, Viago appliqua rapidement le mouchoir sur son nez et sa bouche. Illario perdit immédiatement connaissance.

« Une autre fois, peut-être », répondit Viago avant de quitter la pièce.

Source : Ea.com
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Les ruines de la réalité

De John Dombrow

Dragon Age nouvelles

Quelque chose n’allait pas dans la forêt d’Arlathann. Strife en eut la certitude lorsqu’il esquiva une branche qui essayait de le décapiter. Les feuilles durcies s'étaient transformées en lames dentelées. Il leur abandonna un bout d’oreille afin de sauver son crâne.

Pourtant, ce n’était pas tellement la douleur qui inquiétait l’Elfe à la chevelure argentée. Ni même la confusion des trois derniers jours qu’il venait de passer dans la forêt, complètement perdu. Il avait marché plein nord, pour finalement s’apercevoir qu’il allait au sud. Ni le fait qu’il avait vu le soleil se lever et se coucher une seule fois... Il n’avait pas paniqué non plus en constatant que sa vieille carte de la forêt d’Arlathann, détaillant la moindre sente, grotte ou ruine elfique et jusqu’alors jamais prise en défaut, ne lui était plus d’aucune utilité... Un ravin qu’il contournait auparavant en une heure en nécessitait désormais cinq. Il lui semblait que le paysage lui-même s’était étiré. Transformé. Même la branche qui avait essayé de séparer sa tête de son corps ne l’alarmait pas outre mesure. Il avait déjà eu affaire à des sylvans, des arbres possédés par les démons de la colère. Il savait comment réagir. Ce qui avait le mérite d’inquiéter Strife, c’était l’elfe qu’il voyait foncer sur lui.

C’est-à-dire lui-même. Strife. Il avançait à travers les ronces, esquivant les pièges de la forêt sanguinaire avec des mouvements familiers. C’était son clone. L’autre elfe se dissimula derrière une ancienne colonne de pierre couverte de lierre, consultant un journal de cuir... Le journal que Strife avait entre les mains. C’était une relique que l’on se transmettait de génération en génération dans le clan Morlyn. Leur archiviste l’avait offert à Strife le mois dernier, lorsque de nouvelles lignes avaient commencé à apparaître. De mystérieux paragraphes s’étaient griffonnés d’eux-mêmes, évoquant des ruines sacrées dans la forêt d’Arlathann, abritant un artefact légendaire.

C’était l’objet que Strife était en train de contempler. En face de lui, son double en faisait autant. Ils étaient tous les deux absorbés par une statue de la déesse elfique Ghilan’nain tenant une figurine de hahl en cristal, exactement comme la décrivait le journal.

« Qu’est-ce que tu veux ? » Ce fut tout ce qu’il trouva à demander à son double. Il ne reçut aucune réponse. Une branche aux angles menaçants s’était glissée derrière l’autre elfe. Le craquement du bois lui donna le temps de plonger pour se protéger... C’est à ce moment-là que Strife comprit que la forêt lui réservait le même sort. Crac ! Avec une étrange sensation de déjà-vu, il y eu un craquement derrière lui, tandis qu’une branche coupante comme un rasoir manquait de l’empaler.

« C’est une illusion, » grogna-t-on près de lui. « Une sorte de mirage. Ou d’écho. » En se retournant, Strife vit un loup grésillant d’énergie magique. La lueur s’effaça et Irelin, sa compagne elfe métamorphe, se matérialisa à la place du loup. « Il m’est arrivé la même chose hier. J’ai vu une meute de loups. En fait, ils étaient tous des doubles de moi. »

« Quoi ? Je t’ai vue il y a une heure. »

« Moi, ça fait quatre jours que je ne t’ai pas vu. » Les deux elfes se regardèrent avec un effroi partagé : une magie ancienne était à l’œuvre. Vieille de plusieurs millénaires. « Vite, avant que ça ne se dissipe. Pars à gauche ! »

Strife se mit à courir vers la gauche, espérant qu’Irelin savait ce qu’elle faisait. Son double l’imita, attirant l’attention des sylvans enragés. Apparemment, le plan consistait à se comporter comme un appât.

« Je ne suis pas un appât ! », protesta bruyamment Strife.

« Tu n’es pas tout seul ! On se retrouve au campement ! » Sur ces mots, Irelin se métamorphosa en aigle gigantesque et s’élança vers l’azur. Tandis que les deux Strife attiraient l’attention des arbres sanguinaires, Irelin fondit sur la figurine. D’un coup de serres, elle l’attrapa dans les mains de Ghilan’nain. La statue résistait, mais Irelin était résolue. Avec un cri de colère, elle arracha l’artefact et s’éloigna dans le ciel.

Le deuxième Strife disparut. Les sylvans se turent. Le sortilège était rompu. Mais Strife savait reconnaître un présage.

Quelque chose n’allait pas dans la forêt d’Arlathann.

Source : Ea.com
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